Ce numéro propose de s'intéresser aux pratiques de frontière - en distinguant passages, parcours et relations sociales - que celles-ci soient institutionnalisées ou non :frontières des Etats comme frontières d'espaces culturels et sociaux définis et délimités par différentes modalités d'organisations...
Le Liban et la Syrie deviennent pays d'accueil pour un nombre croissant de migrants et de réfugiés venus essentiellement d'Irak, de Somalie et du Soudan, trois pays marqués par des conflits qui s'installent dans la durée. Ces populations migrantes d'origines de plus en plus diverses s'installent de façon durable dans les quartiers périphériques des grandes villes libanaises et syriennes et contribuent à la mutation de ces espaces.
Cet article se penche sur les politiques de gestion de l'immigration des réfugiés palestiniens que les pays arabes voisins d'Israël (la Jordanie, le Liban et la Syrie) ont adoptées depuis 1948. Plus précisément, il s'agit de déterminer comment ces politiques, élaborées par la Ligue arabe ou par les autorités hôtes, se sont reflétées sur le processus de construction nationale développé par ces dernières. Nous chercherons à montrer que loin de n'être que des réponses à des considérations externes liées au conflit israélo-arabe, ces politiques ont été intimement liées à des préoccupations locales et régionales ayant trait à la consolidation de l'identité nationale, ainsi qu'à la stabilité politique, sociale et financière des pays concernés.
Cet ouvrage se propose d'étudier les dynamiques migratoires des Palestiniens du Liban afin d'apporter un éclairage pertinent sur les mutations sociospatiales dont la diaspora palestinienne est l'objet. Les Palestiniens du Liban ont en effet développé un rapport particulier à l'espace, lisible tant dans leurs modes d'implantation que dans l'élaboration, au cours de cette dernière décennie, de réseaux migratoires vers l'Europe. Les camps de réfugiés occupent une place particulière dans la géographie palestinienne de l'exil parce qu'ils sont des lieux de mémoire et parce qu'ils inscrivent dans l'espace, de façon pérenne, l'exode de 1948 ainsi que la question des réfugiés. Ils ont permis le maintien et l'adaptation des systèmes de solidarité traditionnels qui sont l'une des principales clés de compréhension de l'organisation de l'espace palestinien en diaspora. (présentation de l'éditeur)
« Dans un Moyen-Orient arabe en pleine crise sociale, économique et politique, l'intensification des mouvements d'immigration et d'émigration, mais aussi celle des migrations de transit, est porteuse, d'enjeux politiques spécifiques. L'implication accrue des diasporas dans les pays de départ, l'exploitation persistante des migrants dits de travail, la présence des réfugiés de Palestine et, depuis peu d'Irak ou du Soudan posent de façon renouvelée la question des définitions de la nation. » [Présentation de l'éditeur]
Environ 400 000 réfugiés palestiniens vivent actuellement au Liban, un pays qui abrite par ailleurs des réfugiés non palestiniens, dont les effectifs varient de quelques milliers reconnus par le Haut-Commissariat des Nations unis aux réfugiés à 30 000-40 000 selon les sources non-officielles, incluant de nombreux migrants «illégaux», principalement originaires du Soudan et d'Irak.
Quel est le rôle joué par les Etats dans la migration vers le Liban au cours des années 1990, de centaines de milliers de travailleurs syriens non qualifiés ? Les théories les plus courantes créditent l'Etat syrien d'un pouvoir colossal, celui d'imposer au Liban un «flot» de migrants syriens. Une position plus «pro-syrienne», plus rarement défendue, oppose à cette explication politique le rôle de la division du travail comme moteur des migrations syriennes.
Pour des raisons tant environnementales, que sociales, économiques ou politiques, l'émigration constitue de longue date un trait majeur de la vie sociale. La formation de diasporas en est une expression importante. Au cours des dernières decennies, un nombre croissant d'émigrés reviennent temporairement dans leur lieu d'origine pour des vacances ou d'autres visites. Une forme originale de tourisme s'est donc fortement développée. L'article examine la nature d'un tel tourisme, ses liens avec le tourisme d'affinités (visites aux familles et amis) et ses caractéristiques spécifiques en regard de ce dernier. Une analyse de la circulation migratoire de deux échantillons d'émigrants libanais permet de préciser les motivations et comportements, dans le contexte du tourisme, des émigrants retournant dans leur Etat d'origine. (Résumé de la revue)
Nationalismes, minorité, identité, communauté... Ces termes qui ont fait un retour en force dans les années 1990 prennent une résonance particulière en Méditerranée orientale, des Balkans à l'Egypte en passant par la Turquie et le Proche-Orient. Il s'agit là d'un espace traversé par trois dynamiques politiques majeures : affirmations nationales vigoureuses pour compenser une légitimité étatique souvent précaire, mobilisation de l'ethnicité à l'intérieur des ensembles politiques existants, organisation transnationale des identités à la faveur du développement des diasporas et de l'essor de l'immigration. Tous ces phénomènes redéfinissent insensiblement la place de l'Etat, les relations entre groupes, bref, les contours du nationalisme sur le flanc oriental du bassin méditerranéen.
L'aricle rend compte de conditions de vie de réfugiés palestiniens 60 ans plus tard. Il évoque les causes de leur exil et leur installation au Liban. Il insiste sur la situation actuelle et sur l'avenir de ces camps dans le "pays du Cèdre".
Les interventions regroupées dans ce chapitre traitent de la spécificité des relations chrétiens-musulmans dans les pays considérés. Elles font état de la coexistence des religions, de la cohabitation des communautés, du statut social des minorités religieuses et également des problèmes identitaires, des discriminations. De façon générale, elles mettent l'accent sur les efforts de dialogue et les diverses actions entreprises en vue du rapprochement des communautés et de leur entente.
A partir des rites établis dans la sunna, dans les gestes et dires du Prophète, ces anthropologues ont mis en évidence le modèle musulman du rituel sacrificiel. Contrairement au christianisme, l'islam n'inscrit pas le sacrifice au coeur de son dogme. Néanmoins il lui accorde une place essentielle dans ses pratiques rituelles. Accompagnant toutes les étapes de la vie individuelle, producteur de lien social, lieu de multiples recompositions et transgressions, produisant de nouvelles références locales, même sur le plan de l'islam transplanté, les rituels sacrificiels musulmans illustrent l'ensemble des thèmes que la théorie anthropologique du sacrifice s'est attachée à mettre en évidence : cuisine du sacrifice, dette sacrificielle, fonctions thaumaturgiques. La première partie de ce texte est consacrée au rituel ibrâhîmien et à son statut dans l'islam contemporain. La deuxième montre la pratique du sacrifice en relation au cycle de vie. La troisième met en exergue le passage du religieux au social par le truchement des repas et des fêtes sacrificiels. La quatrième concerne les sacrifices propitiatoires dans les traditions turque, pakistanaise ainsi que chez les marabouts africains de Paris. Enfin, la cinquième partie analyse trois fêtes du sacrifice : en milieu lébu (Sénégal) ; chez les Soudanais de Wad Madani et chez les Gnawa du Maroc.
Cet exposé traite de la dynamique de l'interaction de l'accroissement démographique et du développement, comme facteur déterminant de l'émigration dans les pays arabes du bassin méditerranéen et de la Turquie vers l'Europe. L'accent est mis sur la perception des disparités de bien-être et l'évolution des niveaux de vie entre pays de départ et de destination, conditionnant le potentiel d'émigration. L'examen des aspects socio-économiques de la période étudiée (1970-1990) et des perspectives à moyen terme (1990-2005) conduit l'auteur à conclure à une accentuation future des écarts et à la nécessité d'élaborer des solutions.
Peut-on analyser le fonctionnement d'une diaspora quand celle-ci n'est pas achevée ? Selon l'auteur, s'agissant des Palestiniens, la naissance d'une entité politique, foyer central où sera satisfaite leur aspiration à l'autodétermination, implique de porter un nouveau regard sur des communautés installées depuis 50 ans dans une psychologie du provisoire.